le Kurdistan des montagnes

Nous avons laissé derrière nous les plaines pour attaquer le Kurdistan montagneux, que nous parcourerons jusqu'en Iran. Le changement est total, que ce soit au niveau des paysages, de l'architecture ou des oiseaux. Au niveau du vélo aussi. On passe nos journées à monter et descendre.

Nous avons commencé par des visites de cités de pierre. Ici la ville de Mardin qui surplombe les plaines.

  

 et un petit village à moitié abandonné, très apprécié des moineaux pâles.

Ce fut ensuite le tour des hauts plateaux, avec un relief s'accentuant petit à petit jusqu'à ce qu'on atteigne le Tigre.

Ce qui marque quand même l'essentiel de notre quotidien et qui nous touche le plus est la question kurde. Impossible de passer à côté. Suite au démantèlement de l'empire ottoman à la fin de la deuxième guerre mondiale, une partie du Kurdistan a été intégrée à la Turquie. Mais les kurdes et les turcs forment deux peuples différents, avec une langue et une culture distinctes. L'identité et la culture kurde, pourtant très fortes, ont longtemps été complètement ignorées. Ce n'est que depuis 1991 que le gouvernement turc a autorisé l'usage de la langue kurde ! Les kurdes, regroupés derrière le parti des travailleurs kurdes (le PKK), revendiquent leur indépendance, ou tout du moins un fonctionnement en autonomie. Devant le déni d'existence qui leur a longtemps été opposé le PKK a pris les armes, ce qui a engendré entre 1984 et 1998 une guerre faisant des dizaines de milliers de morts.

Dans le Kurdistan montagneux chaque sommet isolé est occupé par l'armée turque, qui surveille. Par endroits on passe devant un campement militaire tous les 4 ou 5 kilomètres. Sur la route on croise une quinzaine de véhicules blindés par jour. Quand l'un d'eux s'arrête pour nous dire qu'on est en zone de sécurité, qu'on ne doit pas rester, il est occupé par des cow-boys aux lunettes de soleil fashion, portant deux écharpes de balles entrecroisées sur la poitrine. "Et faites attention il y a des terroristes par ici". Alors que partout on est accueillis comme des rois...

Les plus fortes densités de militaires ne sont pas le long de la frontière avec l'Irak, la Syrie ou l'Iran mais autour des grandes villes kurdes. On se sent comme les ibis chauves, dans une grande prison à ciel ouvert.

Ca chauffe régulièrement entre le PKK et les militaires. Il nous est arrivé de trouver sur le bas-côté de la route les restes d'un accrochage récent. Ils ne font pas semblant...

Beaucoup de kurdes se déplacent armés. Les éleveurs qui ont beaucoup de bétail, ça peut se comprendre, ou certains instituteurs. Ca se comprend moins. Les armes font partie du paysage quotidien. On m'a fait poser avec. Ca oblige à tenir les jumelles d'une seule main, pas très pratique.

Les familles kurdes sont très nombreuses. La plupart des pères de famille qui nous ont hébergé ont entre 10 et 15 frères et sœurs, et font autant d'enfants. Un d'eux nous dira en rigolant qu'il fait beaucoup d'enfants pour la guérilla. Mais aucune blague n'est innocente...

L'apprentissage commence très tôt.

Retour aux paysages de montagne pour terminer.

Un col à 2000 mètres un brin difficile.

Moment de contemplation et de récupération au sommet.

 

Comments

[paulo et sylvie]

Maël on se régale de vos images et de vos rencontres, en tout cas bravo pour l'endurance car les routes sont pentues. A bientôt de se revoir et bonne route.

[Toto]

Petit rectificatif historique... l'Empire Ottoman a été démantelé après la première guerre, pas la seconde...
Sinon, photos toujours aussi sympa et témoignage traduisant bien les problèmes locaux...

[Kev]

Salut à vous!
Après un petit passage par le Burkina avec Gwen, çà fait repartir tout de suite, en voyant vos photos et parcourant vos commentaires...
Que de paysages et d'aventures incroyables...
Cette petite promenade de santé donne vraiment envie, mais montre sûrement que la vie ailleurs (pas si loin de chez nous) est très différente!
Les rencontrent doivent être géniales...
Allez bises à vous et vivement les prochaines!