Iran
Bienvenue en pays perse ! Well come, comme on voit inscrit un peu partout.
Nous voilà dans la république islamique des interdits. J'étais un peu sceptique avant d'y entrer, la faute aux représentations qu'ont en tête les occidentaux à propos de ce pays : fanatisme religieux, son président Ahmadinedjad, les nombreux interdits (Va-t'on devoir cacher nos cuisses musclées et bronzées sous un pantalon quand on est sur la route ?)...
Maintenant qu'on roule depuis une grosse semaine dans ce pays, on goûte à une réalité à mi-chemin entre nos idées préconçues et d'étonnantes surprises.
Première chose qui change, la langue. Beaucoup de dialectes sont utilisés. On ne sait jamais trop quelle langue parlent les gens. Ce dont on est sûrs, c'est que le farsi est la langue officielle, celle des panneaux routiers. Ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes d'orientation...
Les Iraniens sont très surprenants. Jamais autant d'hommes ne nous auront dit I love you en si peu de temps : le patron d'un market en nous offrant nos courses, un gars qui sort en courant de sa boutique en nous voyant passer, et bien d'autres... On aura même eu un conducteur qui, en nous croisant sur une grande route, a sorti les mains et la tête de la voiture pour nous applaudir ! Bien dangereux, mais c'est la norme. Un bon Iranien roule vite, mal, aime les appels de phare et les coups de klaxon. Les femmes conduisent également, et celles qu'on croise nous font régulièrement de grands sourires accompagnés de grands saluts, toutes voilées de la tête aux pieds qu'elles soient. Ca change de la Turquie !
Autre particularité, les jeunes hommes prennent grand soin de leur physique. Sourcils épilés et habits classe, même pour certains bergers au fin fond de la campagne. C'est très drôle ! Téhéran, capitale du pays, est également la capitale mondiale de... la chirurgie esthétique ! La plupart des opérations concernent le nez. On a déjà croisé en ville un vendeur de sandwichs dont le nez venait de passer au bistouri.
Ici trois jeunes dans un bar à narghilé perdu dans les hauts plateaux montagneux.
Sur cette photo on peut voir accroché au mur une image des ayatollahs Khomeini et Khameini. Leur portrait est omniprésent dans le paysage. Pancartes immenses sur les collines, posters dans les commerces, fresques murales... Le deuxième est le leader religieux actuel du pays, le premier l'a dirigé de 1979 à 1989 et est vénéré comme un saint. Son palmarès est riche de plusieurs faits difficiles à comprendre pour les occidentaux que nous sommes. Il a abaissé l'âge légal du mariage à 9 ans pour les femmes par exemple. Ou encore, pendant la guerre avec l'Irak, a envoyé des milices de jeunes hommes au front en leur promettant une place au paradis en cas de mort. Les miliciens déminaient les champs de mine en marchant au travers pour rejoindre le paradis. Toute la puissance du fanatisme...
On voit souvent ce genre de fresques, préparant ceux servant sous le drapeau à un avenir rassurant :
Mais, comme partout ailleurs, les iraniens ont soif de liberté. On s'en est rendus compte dès le troisième soir en rejoignant une bande de sacrés bonhommes sur une zone de pique-nique, où ils nous ont invité à partager leur festin. Les discussions tournaient beaucoup autour des libertés que nous avons en France, notamment sur les rapports hommes-femmes. On s'est enfilé plusieurs bouteilles d'un affreux alcool au raisin fait maison, ce qui fût quand même une agréable surprise vu qu'ici l'alcool est interdit. Les gars braillaient et racontaient des insanités sans se gêner, malgré la présence de familles très traditionnelles pas très loin. Par contre ils se calmaient très rapidement dès qu'un inconnu débarquait, par peur des sanctions.
Séance d'observation d'oiseaux voilés...
Et côté paysages, dès la frontière franchie nous sommes entrés dans une autre dimension. Les distances sont démultipliées. C'est tout le paysage qui a été comme étiré. Il faut savoir que l'Iran est deux fois et demi grand comme la France, pour une population supérieure de 10 millions d'habitants. Ca laisse beaucoup d'espaces inhabités.
Au cours de notre progression vers le sud-est nous avons passé la plupart de notre temps dans des hauts-plateaux avec un relief modéré. L'aridification est de plus en plus importante, mais l'irrigation omniprésente permet à chaque surface plane d'être cultivée.
Les villages sont faits de maisons cubiques en torchis.
Ici un grand lac salé où nous nous rendions pour observer les oiseaux. On a eu beau chercher, pas d'eau...
Nous sommes maintenant descendus des hauts plateaux pour nous rapprocher du désert. Ca nous a valu de passer dans une immense et morne plaine qui est sans doute à l'Iran ce que la Beauce est à la France. Rien à l'horizon, ciel obstrué par la poussière, chaleur, interminable ligne droite et circulation importante. Dans ces cas-là on prend le baladeur et en avant la musique. Le vent nous portera de Noir Désir dans les oreilles et on attend des temps meilleurs.
En ce moment nous sommes juste au sud de Téhéran. Prochaine étape, le désert.
Ou alors Téhéran pour se refaire le nez. On verra.